Chers adhérents de l’Association Stendhal,
De la part de tous les membres du Conseil d’administration :
Vous le savez peut-être déjà : Gérald Rannaud nous a quitté. Les obsèques ont eu lieu ce vendredi 13 octobre.
Gérald était plus que notre Président honoraire : il était l’âme de notre Association.
Depuis 2004, nous avons ainsi organisé avec son soutien plus de 160 manifestations.
Lui-même a assuré plusieurs dizaines de conférences ou soirées littéraires.
A chaque fois, c’était un plaisir réel, touchant au physique, de se laisser emporter par ses exposés si clairs, si argumentés, par ses vues si profondes, si originales.
Tous ces moments restent vivants en nous mais s’effaceront inexorablement. Gérald en effet parlait sans notes. Il a toujours répugné à momifier dans un texte écrit et définitif l’enseignement qu’il voulait communiquer hic et nunc, avec toute la vitalité qui reste liée à la communication orale.
Je pense qu’au fond de lui-même, il était convaincu qu’il était d’abord un passeur, un pédagogue, plutôt qu’un commentateur purement universitaire.
Gérald était aussi un personnage.
Brillant, il l’était.
Prompt à l’emportement, il l’était aussi.
C’est qu’il avait le feu sacré.
Mais Gérald était aussi l’homme de la convivialité, un homme sachant convoquer l’anecdote, le souvenir, maniant l’argument.
Plaisir de ces jeux de l’esprit, de ces “parties de volants” évoquées par Stendhal.
Ce n’est pas tomber dans l’emphase que de déclarer que désormais Gérald Rannaud est entré dans l’histoire du stendhalisme, dans l’histoire singulière de cette litanie d’hommes qui ont fait du beylisme leur point de ralliement discret.
Discrétion et pudeur.
Car Gérald avait la pudeur des sentiments et n’aurait que faiblement gouté à ce panégyrique.
Stendhal a écrit qu’il n’y a pas de mal à mourir dans la rue pourvu qu’on ne le fasse pas exprès.
Gérald est parti brutalement, discrètement, prenant de court tout son monde.
Il est mort discrètement, en accord avec la pudeur des sentiments.
Il a vécu, il a enseigné, il a aimé.
Et nunc manet in te.
Et maintenant, il repose en nous.
Patrick Le Bihan,
Président de l’Association Stendhal